L’Anti-Atlas et Ouarzazate
Du 5 au 12 mars 2014
D’assez grandes distances à parcourir dans cet atlas désertique jalonné de surprenantes oasis habitées. A Tata, on arrive dans une grande bourgade. Avant même d’y entrer, on se faufile entre un grand nombre de collégiens et collégiennes à vélos sortant de leur lycée. Globalement, à travers tout le Maroc, on a rencontré énormément de jeunes gens et jeunes filles fréquentant les centres de formation très modernes. L’avenir se prépare.
Le camping de Tata est au cœur de la ville, à côté de la piscine municipale. Il y a de la place. Michel, notre voisin, vient nous conseiller pour notre installation. Il fait bien chaud et il vaut mieux s’assurer un peu d’ombre pour l’après-midi. Il propose de nous amener de suite jusqu’à la particularité du village voisin, son « horloge à eau ». Autant prendre notre temps, on remet cette visite à demain.
Cela permet à Cyrille de préparer les vélos qui n’ont pas été descendus souvent du porte-vélos.
Donc, le lendemain, on accompagne Michel, notre aimable guide. En passant, il nous montre un cimetière musulman. Quelle simplicité ! Chaque tombe est indiquée par deux pierres qui représentent la taille et le sexe du défunt. Aucun nom n’apparaît. Quant à l’horloge à eau, si on s’attendait à cela ! En fait, cela n’a rien d’une horloge présentant l’heure. C’est plutôt une unité de temps pendant laquelle on irriguait les parcelles. Le principe : une bassine remplie d’eau et un bol de laiton percé à la base. Lorsque le bol tombait au fond cela faisait une unité (42 mn). Au départ, on a un bassin d’accumulation d’eau et on ouvre les vannes de ce bassin pour irriguer les parcelles. Chaque parcelle a droit à un certain nombre d’unités d’eau. Tout cela contrôlé et surveillé par le grand sage qui veille à couvrir la bassine pour éviter l’évaporation ou les courants d’air.
On continue la promenade à pied en visitant le village situé sur les hauteurs et en montant à travers ses rues couvertes très pittoresques jusqu’au mausolée. Seuls, on n’aurait jamais osé passer par ces ruelles. Merci à Michel de nous avoir fait découvrir toutes les particularités et richesses authentiques du secteur. Retour sur nos pas et traversée de la charmante palmeraie avec nos bicyclettes. C’est d’un bucolique, extra.
Comme il est plus de midi, Cyrille accompagne Michel chez son traiteur du coin. Il revient avec le repas tout prêt. Il n’y a plus qu’à déguster notre ragout, bouillon, légumes. Dans l’après-midi, je peux récupérer mon linge qui a été lavé et séché. Super.
Le lendemain, on se lance à vélos à la découverte d’un village voisin, Tazart. Bien évidemment, pour atteindre ce village, c’est beaucoup plus de km que je ne le pensais. J’interprète toujours de façon erronée les informations contenues dans mon guide. Toujours est-il que ce village comportant un superbe mellah (quartier juif) se dégradant, n’offre plutôt qu’un quartier de ruines qu’un jeune homme nous a fait parcourir. Après un crochet au village voisin pour découvrir de loin une autre kasbah tout autant en ruines, on s’empresse de quitter les lieux pour échapper à toute une jeunesse qui nous entourait. Retour sous un soleil ardent et cuisant. Y en a un qui a dégusté, il n’avait même pas de casquette sur la tête, le pauvre. Il n’est pas prêt de repartir en visite avec un « si bon guide ».
Après une nuit de sommeil, déjà le temps de dire au revoir à Michel et sa compagne, Danielle. Notre prochaine escale est prévue à Foum-Zguid. Tous deux nous rendent attentifs et nous conseillent de nous arrêter à un très joli point de vue 2 km avant Tissint. Ça serait dommage de le rater. En effet, alors que rien ne le laisse deviner, dans ce paysage lunaire, notre route passe au bord d’une faille au fond de laquelle coule l’oued Tissint. Il y a même quelques dames au labeur et 3 tentes berbères là au fond où quelques palmiers et cultures bordent l’oued.
Plus loin, c’est un troupeau de dromadaires qui happe notre regard. Il faut dire que l’on rencontre fort peu de circulation sur cette trajectoire du sud, on a tout le temps d’admirer le paysage de sable et de cailloux.
Le camping de Foum-Zguid est serti au milieu de la palmeraie, un fort bel endroit, bucolique à souhait avec poules et coqs pour nous tenir compagnie. On sympathise avec nos voisins des Hauts-Savoyards et un Belge. Le village respire l’authentique. Ici, la poussière arrose les terrasses des cafés autant que les étalages de fruits et légumes. Mais des travaux sont en cours, bientôt les trottoirs seront dallés et la route couverte d’un nouveau bitume. Déambulant au centre, on est vite remarqué, les touristes ne sont pas légion, et les commerçants n’hésitent pas à nous apprendre la méthode pour enrouler le fameux turban bleu autour de la tête. Quelle belle allure cela donne n’est-ce pas. C’est gagné, on repart avec le turban.
On se remet en route le lendemain. Arrêt pour dîner à l’auberge-camping Les Dattes située à un carrefour. La table du restaurant est sous la tente et il faut beaucoup d’imagination pour savoir que l’on peut manger à cet endroit. Pourtant, le proprio nous convie à nous installer et nous apporte bel et bien à manger « tajine de poulet avec légumes et boisson » tout cela avec poules et chats à nos côtés. Quel dépaysement et quelle gentillesse ! En plus, la nourriture était bonne. C’était tout à fait correct si on fait abstraction de la propreté du lieu, des verres, des couverts, etc…
Arrêt à Tazenakht pour y regarder et acheter un tapis à la coopérative et terminus du jour à Aït Ben Haddou, site classé UNESCO.
On est ravi de découvrir ce vieux ksar, l’un des mieux préservés de tout le Sud marocain et encore partiellement habité, véritable chef d’œuvre, qui est, grâce à son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO datant de 1987, petit à petit en cours de restauration. Un ksar est un village fortifié aux ruelles couvertes composé d’un ensemble de kasbah, résidences de seigneur et d’habitations traditionnelles plus modestes, construites en pisé mais sur des fondations en pierre. Cette technique consiste en l’empilage de grosses briques coffrées faites de terre et de paille.
Ce grand classique du tourisme marocain nous a séduits par son site et l’harmonie de l’étagement des kasbah empilées sur une colline. C’est le Mont St-Michel du Maroc. Au loin, on découvre les sommets enneigés de l’Atlas. Pour atteindre le site, un pont piéton en béton a été construit. L’autre solution est de traverser la rivière à gué sur de gros sac de sable. Il vaut mieux avoir de l’équilibre, des enfants sont là pour prêter la main. Divers commerçants d’antiquité et artistes animent ce vieux village pour le plaisir des touristes.
Rassasié du site de Aït Ben Haddou, on passe au village d’à côté qui offre un très joli décor avec une grande kasbah, véritable citadelle. Les propriétaires ont fort à faire à rénover ce grand ensemble.
Poursuivant notre route sur Ouarzazate, on découvre que les kasbah et ksour (ksar au pluriel) jalonnent notre circuit. Grandes ou petites, les kasbah ont de tout temps eu pour fonction première de protéger contre les intempéries, contre la poussière, le vent, la chaleur et contre les agressions des seigneurs du désert dont la pratique ancestrale du pillage était très codifiée. Taourirt en est un bel exemple. La kasbah est maintenant vide et se visite et les ruelles du ksar attenant ne sont pas conseillées aux touristes si on ne veut pas être importuné par les jeunes du quartier.
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