Villes impériales et Ouezzane
Du 19 au 26 mars 2014
Les 7° au réveil ne nous incitent pas à rester à Midelt dans le Haut Atlas oriental. La partie herbeuse du camping est détrempée et quelques cc ont un peu de peine à s’en dégager. Non, il ne sera pas nécessaire de pousser. Quelques cigognes garnissent le ciel et ont l’air bien occupées à compléter leurs nids.
On parcourt les 140 km qui nous séparent d’Azrou par la N13. La route part à l’assaut du col du Zad (2 178 m) qui marque la limite des bassins versants atlantique et méditerranéen. Ce col est parfois fermé en hiver. Au nord de celui-ci commencent les forêts de cèdres où se niche Azrou. De très jolis paysages, beaucoup de troupeaux de moutons, un village pris en otage par les cigognes, nous avons fort à faire à tout enregistrer dans nos têtes. Azrou est à 1200 m d’altitude. Peu avant d’atteindre la ville, à l’orée de la forêt de cèdres, un parking invite à l’arrêt. Et pour cause, non seulement il y a de petites échoppes, mais aussi les petits singes de Barbarie dits Magot qui sont au nombre de 200’000 dans la région.
A la sortie de la ville, on ne peut manquer le camping dont l’accès ressemble à celui d’un parc d’attraction. Ce complexe appartient à un Emir et surprend par son bel habit. On est content d’en profiter. Le site offre une belle vue sur la ville et sa région. On y reste 2 jours surtout parce que le matin, le pain nous est livré gratuitement. Du moment qu’on reste, on commande pour demain un couscous. Humm, c’est toujours aussi bon.
Curiosité du coin – Le cèdre Gouraud. C’est un cèdre mort depuis quelques années à l’allure d’un immense porte-manteau. Un cliché suffira et pas question, on ne va pas voir ce que vendent ces marchands-là.
La traversée d’Ifrane ne manque pas de nous surprendre. Ville située à 1700 m d’altitude, elle est caractérisée par son urbanisme à l’européenne. Perle du Moyen Atlas, elle est aussi affublée de l’appellation de « Suisse marocaine » et « Ifrane-su-Gtaad » en raison de son style architectural typiquement montagnard. Ces quartiers résidentiels attirent en saison la bourgeoisie de Casa ou de Fès, le roi y a son palais d’été.
Et, voici Fès dans toute son étendue. On hésite à l’approcher. Par où commencer ? Profitons de cet arrêt offrant une vue étendue sur cette citée pour la jauger et prendre nos repères. Etudiant nos cartes, on remarque un parking à Bab Guissa (porte Guissa). Essayons de ce côté-là. Ça marche, on peut même y rester pour la nuit.
On commence notre visite par la vue offerte depuis le tombeau des Mérinides. Avant de nous y rendre, on laisse passer les ânes chargés de peaux, quelles braves bêtes. Elles font un travail du diable, sans broncher, vont partout et descendent même sans problème les escaliers.
Sur les hauteurs de la ville, un marchand réussit à vendre un bonnet au crochet que Cyrille étrenne aussitôt. A l’intérieur de la médina, on s’aperçoit vite que nous sommes vendredi, jour de prière, les boutiques sont quasiment toutes fermées. On peut circuler facilement et rapidement. Globalement tout est archaïque dans ce dédale de ruelles, d’escaliers, de couloirs sombres. Un plan de la médina suggère des circuits de différentes couleurs. Cela peut aider à s’y retrouver. En effet, lorsque l’on se trouve sur le tracé d’un circuit, des panneaux indiquent la direction à prendre. Le circuit bleu nous ramènera à la porte Guissa. On repère quelques portes et bâtiments intéressants. En regagnant notre parking, le passage dans certaines ruelles était tout sauf engageant. Comment est-il possible de vivre dans ces trous à rats… C’est difficile à concevoir. Pourtant, on déambule tranquillement. De retour sur notre parking, on réalise qu’il pourra être gênant pour nous de rester là. Un clochard est couché juste à côté contre un bâtiment. On part s’installer au camping « diamant vert ».
Nouvelle immersion dans la médina de Fès, visite du musée Nejjarine des Arts et Métiers du bois, incursion dans un four à pain du secteur, passage dans le quartier des chaudronniers qui martèlent en rythme leurs bassines de cuivre, traversée de la ruelle des teinturiers et bien sûr arrêt sur les terrasses surplombant les tanneries de Guerniz et de Chouara. Je pense que chaque touriste veut voir cela mais est-ce bien raisonnable et surtout humain de faire perdurer un tel artisanat dans des conditions si difficiles voire épouvantables pour le plaisir du spectateur. Est-ce que ce travail resterait aussi archaïque et pénible si le traitement des peaux se faisait hors de la médina dans de nouvelles installations…. En tous les cas, ce qu’il y a de sûr, c’est qu’aucun touriste n’a envie d’aller prendre la place d’un tanneur même pour un salaire royal ce qui n’est certes pas le cas. Passé quelques minutes, on est tous très content de tourner la page et d’aller voir ailleurs. La médina de Fès c’est la possibilité d’imaginer l’ambiance d’une ville au Moyen Âge dans toute sa dureté. Stationné sur la place de la porte Boujloud, on reste là pour la nuit avec d’autres cc.
On enchaîne avec la visite de Meknès. Intéressant pour nous, on peut stationner au pied de la muraille de la prison des Chrétiens. Les remparts de la ville courent sur de km. Comme cela est proposé, rien de tel qu’un tour en calèche pour une vue globale. Notre cocher, comme les autres certainement, s’arrête aux sites intéressants et nous laisse les visiter avant de repartir. Ainsi, après le Mausolée de Moulay Ismail, les greniers/écuries de Hri Moulay Ismaïl et bien sûr la porte « Bab –Mansour » on aura vu l’essentiel des lieux. A propos de notre cocher, dès notre prise en charge, pas question de rudoyer le cheval avec son fouet, il en reçoit l’interdiction. On a le temps. Cyrille, intarissable en blagues, le surprend en nouant la lanière de son fouet à la calèche. Il doit interrompre sa course pour dénouer son outil de travail. En fin d’après-midi, bain de foule sur la place El-Hedim devant Bab-Mansour.
Le reste de Meknès, c’est curiosité de notre part. Repas dans un riad, promenade dans le secteur des menuisiers et ferronniers, achat d’une couverture parce qu’on imagine qu’elle vient de quitter le métier à tisser où sont installés deux messieurs bien âgés, personnages fondus dans le décor. Du plaisir à l’état pur. Mais je laisse à Cyrille le souvenir de celui de son repas d’escargots. Il a essayé de me faire goûter au bouillon alors que lui-même n’y a trempé que les lèvres. Ça devait être assez terrible comme goût !
Poursuite du voyage, quelques clichés de la citée de Moulay-Idriss accrochée à la montagne et beaucoup de clics du site de Volubilis, vestige du passage des Romains dans cette contrée.
Escale à Ouazzane, au Motel du Rif qui fait aussi camping. On approche grandement de la côte méditerranéenne. Le camping fait le plein tous les soirs en ce moment. Les voyageurs se croisent, il y a ceux qui arrivent et ceux qui s’apprêtent à quitter le Maroc. Repas coucous, le soir, à l’auberge. Les tables font la ronde autour du poêle à bois qui amène une chaleur bienvenue et agréable.
Les oasis du sud, gorges du Dadès, dunes de Merzouga
Du 13 au 18 mars 2014
On quitte Ouarzazate sous la grisaille essuyant même quelques gouttes de pluie pour atteindre les gorges du Dadès qui viennent d’être copieusement arrosée. Jolie route traversant des paysages splendides où les constructions en pisé prennent la teinte des roches qui les entourent jusqu’au camping « Pattes de Singes », où la falaise est composée de roches érodées aux formes arrondies.
Halte obligée pour quelques clichés. A l’heure du thé, sous la tente berbère faisant office de réception au camping, on ne s’éternise pas, il fait meilleur à l’intérieur de nos camping-cars chauffés. Le lendemain, le ciel est bleu mais les sommets environnants ont reçu une fine pellicule blanche. C’est dire qu’il fait toujours aussi frais. On continue notre progression dans ces gorges, traversant un passage très encaissé débouchant sur une vallée verdoyante ponctuée de petits villages jusqu’à Msemrir. Retour sur nos pas avec arrêt au point de vue spectaculaire sur les lacets bordant le canyon.
A l’approche de Tineghir, on fait un crochet sur le belvédère surplombant la palmeraie. Quelques vendeurs nous y accueillent avec le sourire.
On atteint le camping de Gulmima où l’on rejoint avec plaisir Francette et Michel, nos Champagnoles. Par la même occasion, on fait connaissance de leurs invités bien sympathiques, Marie-France et Jacques. Seul bémol de cette rencontre, elle s’est faite sous un temps bien maussade et froid. Promenade dans la cité et accueil de tout le monde dans notre vaste espace…
Chacun repart de son côté. Pour nous, ce sont les dunes de sable et leur chaleur qui nous attendent.
Elles sont bien là. On stationne au camping Les Pyramides. Tout y est. Le sable orangé, la finesse du grain, la pureté de l’espace, les dromadaires, leurs odeurs, les Berbères, la grimpette qui nous tend les bras. Bref, c’est un immense plaisir d’être là et d’avoir atteint cette ultime escale du sud. Un régal de deux jours que l’on gardera longtemps au fond de nos cœurs. Les photos disent tout cela.
Reprise de la route en direction du nord. A Erfoud, arrêt au café-restaurant des Dunes, proposant entre autres de la pizza au feu de bois. Hum, miam, miam, ça nous change des tajines et du couscous. Assez fines, on se laisse tenter par une 3ème. La terrasse de la cour intérieure de l’auberge est charmante ornée de multiples antiquités ombragée d’une treille de bougainvillées. En plus, elle est animée ce qui n’est pas pour nous déplaire. On réalise, en sortant de l’établissement, qu’il y avait 2 tablées occupées par des équipages du « Rallye Aïcha des Gazelles », course 4×4 féminine qui démarre ici même dans deux jours pour terminer le 29 mars à Essaouira.
Arrêt pour la nuit au camping « La Source Bleue » de Meski où l’on retrouve Jacques, le camionneur belge. Avec insistance, on est convié au thé de bienvenue offert par ….. un commerçant bien sûr. Avant de repartir, on fait un tour à pied dans la palmeraie irriguée et cultivée avec un regard sur le vieux ksar en ruines de l’autre côté de la rivière. A cet endroit 3 dames sont affairées à laver du linge. Balade également dans le village de Meski. On peut y tourner un film des temps bibliques quand on veut à cet endroit. Les ânes occupent les ruelles du village. C’est hors du temps.
Route assez circulante le long des gorges du Ziz requérant toute l’attention du chauffeur. A chaque croisement, on risque de mordre le bas-côté irrégulier de la route qui est en gravier. On s’arrête pour le dîner dans un restaurant où une table est occupée par deux équipes du « rallye des gazelles ». La tension monte pour les concurrentes, la compétition démarre demain. Sympa, elles posent pour Cyrille. On en croisera encore beaucoup de ces véhicules 4×4 multicolores. Il y a près de 160 inscrits dont la plupart viennent de France.
Un nid de poule sur la route aura raison de notre cc. Arrêt du moteur. Posé sur le bas-côté, Cyrille se penche sur le moteur et dans un temps record trouve la solution à notre problème (ennui mécanique déjà rencontré aux USA, l’expérience a du bon). Le moteur repart et le véhicule ne présente pas d’autres avaries. Ouf !
A Midelt, 1500m d’altitude, au pied du djebel Ayachi (3 737 m) point culminant du Grand Atlas oriental, on s’installe au camping et soirée tranquille sous la pluie.
L’Anti-Atlas et Ouarzazate
Du 5 au 12 mars 2014
D’assez grandes distances à parcourir dans cet atlas désertique jalonné de surprenantes oasis habitées. A Tata, on arrive dans une grande bourgade. Avant même d’y entrer, on se faufile entre un grand nombre de collégiens et collégiennes à vélos sortant de leur lycée. Globalement, à travers tout le Maroc, on a rencontré énormément de jeunes gens et jeunes filles fréquentant les centres de formation très modernes. L’avenir se prépare.
Le camping de Tata est au cœur de la ville, à côté de la piscine municipale. Il y a de la place. Michel, notre voisin, vient nous conseiller pour notre installation. Il fait bien chaud et il vaut mieux s’assurer un peu d’ombre pour l’après-midi. Il propose de nous amener de suite jusqu’à la particularité du village voisin, son « horloge à eau ». Autant prendre notre temps, on remet cette visite à demain.
Cela permet à Cyrille de préparer les vélos qui n’ont pas été descendus souvent du porte-vélos.
Donc, le lendemain, on accompagne Michel, notre aimable guide. En passant, il nous montre un cimetière musulman. Quelle simplicité ! Chaque tombe est indiquée par deux pierres qui représentent la taille et le sexe du défunt. Aucun nom n’apparaît. Quant à l’horloge à eau, si on s’attendait à cela ! En fait, cela n’a rien d’une horloge présentant l’heure. C’est plutôt une unité de temps pendant laquelle on irriguait les parcelles. Le principe : une bassine remplie d’eau et un bol de laiton percé à la base. Lorsque le bol tombait au fond cela faisait une unité (42 mn). Au départ, on a un bassin d’accumulation d’eau et on ouvre les vannes de ce bassin pour irriguer les parcelles. Chaque parcelle a droit à un certain nombre d’unités d’eau. Tout cela contrôlé et surveillé par le grand sage qui veille à couvrir la bassine pour éviter l’évaporation ou les courants d’air.
On continue la promenade à pied en visitant le village situé sur les hauteurs et en montant à travers ses rues couvertes très pittoresques jusqu’au mausolée. Seuls, on n’aurait jamais osé passer par ces ruelles. Merci à Michel de nous avoir fait découvrir toutes les particularités et richesses authentiques du secteur. Retour sur nos pas et traversée de la charmante palmeraie avec nos bicyclettes. C’est d’un bucolique, extra.
Comme il est plus de midi, Cyrille accompagne Michel chez son traiteur du coin. Il revient avec le repas tout prêt. Il n’y a plus qu’à déguster notre ragout, bouillon, légumes. Dans l’après-midi, je peux récupérer mon linge qui a été lavé et séché. Super.
Le lendemain, on se lance à vélos à la découverte d’un village voisin, Tazart. Bien évidemment, pour atteindre ce village, c’est beaucoup plus de km que je ne le pensais. J’interprète toujours de façon erronée les informations contenues dans mon guide. Toujours est-il que ce village comportant un superbe mellah (quartier juif) se dégradant, n’offre plutôt qu’un quartier de ruines qu’un jeune homme nous a fait parcourir. Après un crochet au village voisin pour découvrir de loin une autre kasbah tout autant en ruines, on s’empresse de quitter les lieux pour échapper à toute une jeunesse qui nous entourait. Retour sous un soleil ardent et cuisant. Y en a un qui a dégusté, il n’avait même pas de casquette sur la tête, le pauvre. Il n’est pas prêt de repartir en visite avec un « si bon guide ».
Après une nuit de sommeil, déjà le temps de dire au revoir à Michel et sa compagne, Danielle. Notre prochaine escale est prévue à Foum-Zguid. Tous deux nous rendent attentifs et nous conseillent de nous arrêter à un très joli point de vue 2 km avant Tissint. Ça serait dommage de le rater. En effet, alors que rien ne le laisse deviner, dans ce paysage lunaire, notre route passe au bord d’une faille au fond de laquelle coule l’oued Tissint. Il y a même quelques dames au labeur et 3 tentes berbères là au fond où quelques palmiers et cultures bordent l’oued.
Plus loin, c’est un troupeau de dromadaires qui happe notre regard. Il faut dire que l’on rencontre fort peu de circulation sur cette trajectoire du sud, on a tout le temps d’admirer le paysage de sable et de cailloux.
Le camping de Foum-Zguid est serti au milieu de la palmeraie, un fort bel endroit, bucolique à souhait avec poules et coqs pour nous tenir compagnie. On sympathise avec nos voisins des Hauts-Savoyards et un Belge. Le village respire l’authentique. Ici, la poussière arrose les terrasses des cafés autant que les étalages de fruits et légumes. Mais des travaux sont en cours, bientôt les trottoirs seront dallés et la route couverte d’un nouveau bitume. Déambulant au centre, on est vite remarqué, les touristes ne sont pas légion, et les commerçants n’hésitent pas à nous apprendre la méthode pour enrouler le fameux turban bleu autour de la tête. Quelle belle allure cela donne n’est-ce pas. C’est gagné, on repart avec le turban.
On se remet en route le lendemain. Arrêt pour dîner à l’auberge-camping Les Dattes située à un carrefour. La table du restaurant est sous la tente et il faut beaucoup d’imagination pour savoir que l’on peut manger à cet endroit. Pourtant, le proprio nous convie à nous installer et nous apporte bel et bien à manger « tajine de poulet avec légumes et boisson » tout cela avec poules et chats à nos côtés. Quel dépaysement et quelle gentillesse ! En plus, la nourriture était bonne. C’était tout à fait correct si on fait abstraction de la propreté du lieu, des verres, des couverts, etc…
Arrêt à Tazenakht pour y regarder et acheter un tapis à la coopérative et terminus du jour à Aït Ben Haddou, site classé UNESCO.
On est ravi de découvrir ce vieux ksar, l’un des mieux préservés de tout le Sud marocain et encore partiellement habité, véritable chef d’œuvre, qui est, grâce à son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO datant de 1987, petit à petit en cours de restauration. Un ksar est un village fortifié aux ruelles couvertes composé d’un ensemble de kasbah, résidences de seigneur et d’habitations traditionnelles plus modestes, construites en pisé mais sur des fondations en pierre. Cette technique consiste en l’empilage de grosses briques coffrées faites de terre et de paille.
Ce grand classique du tourisme marocain nous a séduits par son site et l’harmonie de l’étagement des kasbah empilées sur une colline. C’est le Mont St-Michel du Maroc. Au loin, on découvre les sommets enneigés de l’Atlas. Pour atteindre le site, un pont piéton en béton a été construit. L’autre solution est de traverser la rivière à gué sur de gros sac de sable. Il vaut mieux avoir de l’équilibre, des enfants sont là pour prêter la main. Divers commerçants d’antiquité et artistes animent ce vieux village pour le plaisir des touristes.
Rassasié du site de Aït Ben Haddou, on passe au village d’à côté qui offre un très joli décor avec une grande kasbah, véritable citadelle. Les propriétaires ont fort à faire à rénover ce grand ensemble.
Poursuivant notre route sur Ouarzazate, on découvre que les kasbah et ksour (ksar au pluriel) jalonnent notre circuit. Grandes ou petites, les kasbah ont de tout temps eu pour fonction première de protéger contre les intempéries, contre la poussière, le vent, la chaleur et contre les agressions des seigneurs du désert dont la pratique ancestrale du pillage était très codifiée. Taourirt en est un bel exemple. La kasbah est maintenant vide et se visite et les ruelles du ksar attenant ne sont pas conseillées aux touristes si on ne veut pas être importuné par les jeunes du quartier.
AMTOUDI
Bonjour Francis et tous les amis de l’ACCCS ( www.acccs.ch )
Depuis le 5 janvier 2014, nous sommes au Maroc. Devant l’insistance du rédacteur en chef qui nous réclame un article pour son journal, nous avons décidé non pas de vous résumer notre voyage mais de vous adresser un petit mot de AMTOUDI où nous avons passé quelques jours.
Tout d’abord, nous allons commencer par parler des Marocains et aussi des Marocaines, des gens gentils, serviables et attachants. Toujours là à nous inviter pour boire le thé, à nous offrir des biscuits et surtout à nous souhaiter la «BIENVENUE » avec un grand sourire. Voilà un pays qui sait recevoir les camping-cars. Tout va bien pour nous et nous en profitons pleinement.
Nous avons atteint Amtoudi après avoir parcouru 2’345 km principalement par les routes côtières du pays en faisant halte à Moulay-Bousselham, Mohammedia, Rabat, Casablanca, Oualidia, El Jadida, Safi, Marrakech, Essaouira, Agadir, Tafraoute, Tiznit, Sidi Ifni. Partis de Guelmin, aux portes du Sahara, nous avons quitté la route du Grand Sud pour pénétrer à l’intérieur du pays, dans l’Anti-Atlas.
AMTOUDI (oasis d’ID-AÏSSA) du 2 au 5 mars 2014
Petit village réputé pour son vieux grenier communautaire et fortifié (nommé agadir) qui servait également de refuge en cas de menace. Accroché à la montagne, sur un grand promontoire rond, cet agadir nous fait de l’œil dès notre arrivée au village. Un grand camping nous tend les bras quasiment au pied de cette construction faisant aussi auberge et restaurant. Amtoudi est une oasis avec un ruban de verdure serpentant le long du cours d’eau. Encerclé de montagnes désertiques, à une altitude de près de 900 m, on est étonné de bénéficier d’une belle chaleur mais aussi de bonnes bourrasques de vent qui soulèvent des nuages de sable et de poussière s’insinuant partout dans le camper et cinglant nos mollets. Comme à son habitude, Cyrille fait le tour des camping-caristes dès les premiers instants, retrouvant quelques personnes déjà rencontrées précédemment et engageant la discussion avec de nouveaux personnages. Notons parmi ceux-ci, un certain Roger qui nous surprend par le genre de pays visités, tels que l’Egypte, l’Iran, l’Irak, la Libye, la Turquie, l’Albanie mais aussi le Sénégal et bien d’autres encore. Avec ses 78 ans, il en a vécu des aventures officiant durant 3 ans comme guide de groupe de camping-caristes.
Après une bonne nuit, on se réveille sous un ciel totalement voilé et brumeux qui peu à peu fait place au soleil. Ouf, on prépare le pique-nique et nous voilà prêts pour partir à l’assaut de l’agadir. La montée n’est pas trop longue, moins de ¾ h. plus tard, on est à l’entrée du site.
Visite de ce lieu étrange datant du XIIe s, encore utilisé jusqu’à l’indépendance en 1956 et restauré récemment. Le grenier compte 75 compartiments, un par famille, des ruches, des citernes et trois pièces qui étaient réservées aux gardiens. De l’orge, du blé, des dattes et des légumes séchés étaient stockés ici.
A l’issue de cette visite, on poursuit notre randonnée dans la montagne afin d’atteindre un 2ème agadir, celui du village suivant. Sur la base des indications fournies par le gardien, on marche, on marche, on perd le sentier et on se retrouve à suivre le lit d’un torrent asséché. Il va bien rejoindre la vallée ! Vous l’aurez deviné, le torrent rejoint effectivement la vallée mais pour l’atteindre, il s’élance du haut d’une falaise surplombant bel et bien le village et son agadir. Mais voilà, les ailes nous font défaut. On s’installe néanmoins sur notre promontoire pour le pique-nique bénéficiant au passage de l’appel à la prière en provenance du minaret.
Requinqué, on rebrousse chemin et sous un soleil de plomb on parvient à nos fins.
Une charmante guide, prénommée Kadija, nous ouvre l’agadir datant de la même époque que le précédent et nous fait passer en revue le dédale de couloirs menant aux diverses chambres des familles au nombre de 99 sur 4 niveaux. Quelle construction étonnante.
Retour par le village, avec arrêt à l’auberge « Ondiraitlesud » établissement tenu par un Français où l’on peut même trinquer une bière, chose assez rare dans ces contrées. Le lieu invitant à la détente, jardin adossé à la falaise, on réserve le repas pour le lendemain soir (le choix, c’est tajine poulet ou viande)
La nuit suivante n’a pas été excellente malgré une saine fatigue. Un chien, certainement errant, n’a pratiquement pas cessé d’aboyer dans les alentours.
On remet ça le lendemain. Il fait beau. Les sacs à dos sont préparés et nous voilà partis pour une randonnée dans la palmeraie conduisant aux superbes gorges qui commencent derrière le village. Parcourant ce véritable jardin d’Eden à la végétation variée : palmiers, lauriers-rose, abricotiers, oliviers et arganiers, on atteint peu à peu les gorges où le sentier prend de la hauteur et nous amène après une bonne heure de marche jusqu’à de beaux guelta où coule une eau bien fraîche invitant à la baignade. Après un repas tiré du sac (avocat, sel, pain, sardines en boîte, œufs, petites tomates et oranges) on essaiera d’atteindre la source continuant la balade à travers ce paradis. Toutefois, une heure plus tard, il a fallu se rendre à la raison, on n’en verra pas le bout.. Donc, retour sur nos pas jusqu’au camping où l’on arrive vers les 17 h.
Mais la journée n’est pas terminée. Ce soir, le restaurant nous attend. Pas question de flemmarder trop longtemps. En nous y rendant, à pied, vers 18h30, nous avons remarqué qu’un marchand ambulant de bibelots et casseroles était encore installé sur le bord de route avec sa marchandise étalée à même le sol. Notre repas s’est bien déroulé et on a eu le plaisir de le partager avec un charmant couple français de Lille. Vers 21h45, on a regagné nos pénates à la lampe de poche (marche d’un quart d’heure environ) en ne croisant personne.
Soudain, on s’aperçoit que le marchand n’a rien rangé de son matériel. Tout est là sur le bord de la route. Cyrille éclaire la marchandise de sa lampe de poche et quelle n’a pas été notre surprise de constater que le marchand était couché sur une paillasse au milieu de ses biens. Il a même répondu à notre « bonsoir ». Pas toujours facile d’être marchand au Maroc…
Le lendemain, la journée s’annonce belle et chaude. On prend congé des quelques connaissances encore présentes sur le camping et on se met en route pour Tata à quelque 200 km.
C’est aussi le moment pour nous de vous saluer et on se réjouit de vous retrouver à fin avril. Nous essayons de résumer un tant soit peu notre voyage sur notre blog www.nous3.ch
Tata, le 6 mars 2014
Cyrille et Josette
Vers le Grand Sud
Du 24 février au 1er mars 2014
On repart à l’assaut du sud en passant à Aglou Plage et poursuivant par la route côtière. Arrêt au point de vue « Le Nid d’Aigle » d’où s’élancent de nombreux parapentistes par cette belle journée. Nous continuons jusqu’à Sidi-Bou-Ifedail où sont installés quelques camping-cars devant le portique du petit port. Cela nous conviendra pour les deux prochaines nuits. Nous profitons de faire une bonne balade sur le bord de l’océan toujours aussi déchaîné. A cet endroit nous retrouvons un couple précédemment rencontré. Nous devons malheureusement déplorer et dénoncer le comportement détestable de certains c-caristes. Nous les avons vus débarrasser des sacs de détritus qu’ils ont jeté tout bonnement aux abords du site. Quelle honte !
Continuation par Mirleft où l’on ne fait qu’un stop pour quelques fruits, œufs et un repas sur une terrasse abritée dans une superbe crique. Les deux jours suivants, on les passe sur le promontoire de la plage El-Gzira qui offre aux promeneurs de magnifiques arches à découvrir. Un site de toute beauté.
A Sidi Ifni, deux grands campings bordent l’océan. Ils ont l’air bien investi de camping-cars. Les Européens sont présents. On poursuit la route jusqu’à Guelmin, où on s’installe aux abords du souk qui se tient chaque samedi. Guelmin est aux portes du Grand Sud, dernière possibilité de ravitaillement avant d’affronter le « vrai » désert. Ici, ce sont des Land Rover qui circulent avec galerie sur le toit et des camions lourdement lestés. On est vendredi et déjà l’agitation bat son plein. Ce souk est le plus grand marché de dromadaires du sud du Maroc. Les dromadaires sont déjà là et les exposants de fruits et légumes s’affairent autour de leur montagne de marchandises. On fait nos courses mais on n’aura pas besoin d’utiliser la charrette pour emporter nos emplettes. Deux garçons viennent nous saluer au camper. Après leur avoir remis quelques bonbons, ceux-ci ne décollent plus. Ils font tapisserie jusqu’en début de soirée.
A la première heure, le samedi, on est dans le souk. La partie consacrée aux animaux est déjà bien animées comme la partie fruits et légumes d’ailleurs. On assiste au lever du soleil qui peu à peu fait place au brouillard. La fraicheur qui s’installe nous incite à nous réfugier chez nous pour un bon petit-déjeuner. Ils sont solides ces Marocains ! On y retournera plus tard pour un nouveau bain de foule.
Guelmin pour nous sera « notre grand sud ». On n’ira pas plus loin. On passe la nuit suivante dans une petite station thermale des environs, à Abaynou. L’auberge où on stationne abrite les bains réservés aux hommes. Dès 19 h., les couples étrangers peuvent accéder au bassin. On préfère s’abstenir. A l’écart, un autre bâtiment est réservé aux dames.
TIZNIT
Du 17 au 23 février 2014
Nous parcourons une route en travaux sur près de 30 km. Un arrêt au col de Kernous nous permet d’apprécier la jolie vue de part et d’autre. A l’auberge du col, on croise Gérard, un Franco-Suisse bien sympa. Il vit en permanence dans son camper, a des projets de voyages plein la tête et rêve de se lancer à la conquête de l’Afrique. On atteint Tiznit garni d’une bonne couche de poussière.
Le camping municipal de Tiznit affiche complet. On s’installe aux côtés d’autres cc sur une petite place près de l’atelier de Mustapha, un spécialiste des installations sur camping-cars, panneaux solaires, caméras de recul, antenne (même les automatiques) et bien sûr les démodulateurs pour capter les chaînes françaises jusqu’au fin fond du Maroc. Autant dire qu’il ne manque pas de travail avec toute cette clientèle européenne et surtout française. C’est un défilé sur cette place. Nous découvrons peu à peu le rythme de vie de ce quartier en y stationnant 3 jours. Profitant des opportunités de réparations, nous avons confié notre marchepied à un mécanicien pour le souder. Le lendemain, le travail est fait et le dispositif remonté fonctionne à satisfaction.
Tiznit, appelée la ville du « sultan bleu » est à 100 km d’Agadir et à 15 km de l’océan. Elle offre à la fois le charme de sa vieille ville ceinte de remparts ocre et l’animation dans sa partie moderne, aérée par des jardins publics. Il est particulièrement agréable de s’y promener.
Désirant prolonger notre séjour, on s’inscrit pour une place au camping. Venez demain matin, à 07h30 nous indique le gérant ! A l’heure dite, on est déjà plus de 10 campers à faire la queue. Moins d’une heure plus tard, on est installé. On se rend compte que la période de 3 mois pour certains vacanciers touche à sa fin. C’est pour cela que chaque matin quelques places se libèrent. Nos voisins, arrivés en novembre, ont demandé une prolongation et ne partiront qu’à mi-avril.
Le camping occupé à 80 % par des Français vit au rythme des retraités. A 14h30, c’est le rendez-vous quotidien sur le terrain de pétanque. Au coup de sifflet, les équipes se forment à la suite d’un premier tir et les choses sérieuses s’enchaînent de suite. Ce n’est bientôt plus qu’une rumeur dans chaque couloir. Pendant ce temps, on profite du soleil et du climat agréable.
On a adoré nous promener dans la médina agrémentée de boutiques, passer dans le souk des bijoutiers, faire le marché municipal, tester quelques tables de restaurant, notamment un excellent couscous pour moins de € 10.– à deux à la cantine Au Bon Accueil, un délicieux tajine à La Ville Nouvelle et plutôt déçu par le menu proposé à la Riad Le Lieu pourtant conseillé dans un guide. On ne s’est pas privé des moelleuses pâtisseries proposées à de multiples endroits et des délicieux beignets tout chauds. On a aussi aimé photographier les passants et passantes dans leur tenue plutôt disparate et quelconque.
Cyrille, adoptant le mode de faire local, nous a acheté une marmite à vapeur comme il s’en trouve une dans chaque foyer pour réaliser de vraies soupes aux légumes. On a aussi acquis quelques théières.
Comme plusieurs camping-caristes nous vantaient le travail d’un tapissier qui avait refait leur sellerie, nous lui avons confié un siège afin qu’il change la mousse. Jour après jour, il nous promettait la réalisation du travail pour le lendemain. Finalement, il a dû nous rendre notre banquette, il n’a pas trouvé la mousse adéquate.
Nous gardons un excellent souvenir de notre séjour d’une bonne semaine dans cette charmante bourgade.
TAFRAOUT
Du 8 au 16 février 2014
En route pour Tafraout dans l’Anti-Atlas en passant par Aït-Baha. On a 336 km à faire par une route sinueuse et très plaisante souvent à flanc de colline, à voie unique. C’est-à-dire que chaque fois que l’on croise un véhicule, il faut se pousser sur le côté en quittant le ruban de bitume et l’autre en face fait de même. Ainsi, on a le temps de se dire bonjour ou de faire un signe « merci » au passage. Beaucoup d’arganiers dans les campagnes et voilà les premiers amandiers en fleurs qui nous ravissent. Arrivée sans encombre à Tafraout situé à 1200 m d’altitude. D’emblée, on est enthousiasmé par le site environné de superbes barrières de montagnes de grès et de granit rose. C’est une véritable exposition de pierres et de rochers aux formes des plus surprenantes et parfois fantastiques (Tête du Lion, Chapeau de Napoléon, etc.). La chaleur qui y règne nous surprend également. Il fait bon chaud. Le camping est saturé mais juste à côté, une vaste zone est mise à disposition des camping-caristes. Ça a l’air super, chacun dispose d’un bel espace, parmi les touffes d’arganiers, d’amandiers et de palmiers. C’est carrément mieux qu’au camping où les cc sont alignés serrés derrière un mur. On est plus de 80 à être installés là. Une taxe journalière symbolique est encaissée chaque soir par un duo de surveillants (10 DH = € 1.—).
Le charme de Tafraout nous conquiert. Il est aisé de parcourir la ville à pieds. Annoncée comme la capitale de la babouche, on ne tarde pas à la découvrir, les échoppes sont les unes à côtés des autres. La BTT de TAFRAOUT, c’est une babouche tout-terrain berbère tout à fait différente d’une babouche arabe pointue. Ça, il fallait le savoir !
Les montagnes autour de nous invitent à la balade. On ne s’en prive pas et cela nous régale. C’est du bonheur. En plus, on peut petit-déjeuner dehors, c’est formidable. On en est ravi. Pour sûr que l’on ne va pas bouger de sitôt.
Tafraout est la capitale des Ammeln, une tribu célèbre pour son sens des affaires et son dynamisme. Les femmes ont toutes le même costume, elles s’enroulent trois fois dans une large étole noire ornée d’une fine bordure colorée qu’elles fixent à l’aide de deux fibules. Elles ont ma foi une bien belle et fière allure.
On ne manque pas d’aller faire un tour avec le véhicule jusqu’aux « rochers peints », curiosité des environs. C’est un artiste belge qui, en 1985, a déversé 19 t. de peinture bleue et rouge sur des blocs de granit rose. Quelle idée !!! Il fallait être Belge pour y penser. Comme l’œuvre s’estompait en raison des pluies, des chèvres et du temps tout simplement, de nouveaux coups de peintures ont été donnés dernièrement…
On ne s’est pas éternisé sur place, c’était tellement bizarre et pas vraiment à notre goût, et on a enchaîné par un tour dans les gorges d’Aït-Mansour, beaucoup plus enivrantes. C’était comme de la magie d’arriver, après une route tortueuse sillonnant un paysage sec et caillouteux parmi des montagnes pelées, dans un canyon ocre laissant bientôt la place à des gorges et leur oasis à la végétation luxuriante. Anxieux à l’idée de ne pas pouvoir passer, on n’a pas vraiment osé s’arrêter, progressant finalement trop rapidement dans ce décor féérique. On s’est promis d’y revenir à pied si on repasse dans la région. Retour à Tafraout en poursuivant notre route par Izerbi.
Il fait si bon qu’on invite Francette et Michel à nous rejoindre. Le week-end passé, les voilà qui arrivent. Quelle joie de les retrouver et quel plaisir de partager nos promenades, nos repas, nos moments de « farniente ». En leur compagnie, on salue une nomade sous sa tente non loin de notre campement. C’est un monde trop étrange pour nous. Comment est-ce possible de vivre sous tente en permanence en allant chercher son eau avec un âne, en ne bénéficiant d’aucun appareil électrique et en vivant dans la fraicheur nocturne. Particulier aussi d’utiliser l’arganier comme armoire en y glissant habits, sachets et articles divers dans ses branches. Aucun parallèle ne peut se faire entre leur niveau de consommation et le nôtre.
Dimanche 16 février, le temps se gâte, c’est couvert et plus frais. On quitte Francette et Michel qui partiront pour Marrakech alors que nous allons nous diriger sur l’océan. Bonne route à vous.
Autour d’Agadir
Du 27 janvier au 7 février 2014
Pendant près d’une semaine, nous restons à Imourane, à environ 15 km d’Agadir en bivouac libre. Nous sommes certainement plus d’une centaine de camping-caristes à occuper une large zone en bordure d’océan entre Imourane et Taghazout. Juste à côté de nous, le camping « Atlantica d’Imourane » comptant 400 emplacements est complet depuis le mois de novembre. Celui d’Agadir affiche également complet. Dès lors rien d’étonnant à ce que la municipalité accepte ces intrus supplémentaires. Un service de livraison d’eau est assuré tous les jours par camion et quelqu’un passe avec sa charrette et son âne pour les ordures. A cet effet, il est choquant de trouver des camping-caristes déposant leurs ordures et ne remettant aucune pièce pour ce travail. La livraison du pain est faite chaque matin et divers vendeurs passent tout au long de la journée. Cyrille commande un onduleur 24 watts/220 watts qui lui sera livré dans les jours suivants.
Le temps n’est pas spécialement agréable, souvent venteux et couvert, l’air est frais. Impossible de véritablement s’installer en extérieur. En revanche, on profite de marcher sur le bord de mer pour nous rendre chaque midi dans un restaurant et continuer à découvrir la cuisine marocaine. On trouve de tout, tajines, brochettes, pizza, poissons grillés ou frits, pastillas, etc…. Aucun des établissements visités ne sert de l’alcool.
Cyrille toujours ouvert à tous, ne tarde pas à faire des connaissances. Ainsi, nous partageons nos marches et repas avec Monique et Serge (Français du Sud) et/ou Francette et Michel de la Champagne. On aura la chance de trinquer avec ces derniers à l’occasion des 75 ans de Michel. Quelle pêche il a ce vigneron !
On visite à deux reprises Agadir, sa marina, sa large esplanade du bord de mer bordée de cafés, restaurants, boutiques et hôtels. Tout y est pour satisfaire le touriste mondial. Pour le côté dépaysement, faire un tour au souk, endroit toujours très vivant, coloré et plein de senteur.
C’est en compagnie de Francette et Michel, qu’on découvre Tifnit, un petit port de pêche plaisant de loin. Réagissant aux constructions illicites, l’état a fait démolir toutes les maisons ne bénéficiant pas de permis valables. Cela donne un résultat plutôt désolant. Presque une maison sur deux est démolie. L’endroit ne semble habité que par des hommes. On y trouve quand même un restaurant (pas super notre tajine au poisson) et une épicerie. On ne manque pas aussi d’acheter par deux fois du poisson à un vendeur. Une promenade jusqu’aux dunes situées à proximité nous permet de constater que l’on n’est jamais vraiment tout seul.
Un chamelier apparaît soudainement et s’approche de nous. Bien sûr que la prise de photos est inévitable et de suite, il attend sa pièce. C’est aussi ça le Maroc.
Etape suivante à Sidi-Rbat, bivouac en surplomb d’océan. La localité borde le parc national de Sous-Massa (réserve d’oiseaux) où l’on peut observer des ibis à tête chauve (espèce assez rare).
On ne les aura vu qu’en vol… C’est vous dire que c’était bref. Les falaises sont parsemées de cabanes creusées par les pêcheurs. Ils en font leur pied à terre du bord de l’océan un peu comme un coin de jardin familial chez nous. On aura l’opportunité d’en visiter une, très bien équipée avec cuisine, chambre à coucher. Elle doit être l’une des mieux aménagée parce qu’elle a son gardien et appartient à un Français. Le gardien occupe quant à lui la grotte d’à côté très basique, sans confort, et à la propreté douteuse.
A Tifnit, ensemble, on a acheté un gros poisson, du loup de mer. Michel sort tout son attirail et nous le mijote en papillote dans son tajine familial. Une salade, quelques pommes de terre, des rondelles de citron, on en a fait un repas divin arrosé d’une bonne bouteille de vin. Quelle chance on a de fréquenter ces Champagnoles. Merci à tous les deux.
En donnant à manger à un chien du voisinage, Cyrille a trouvé un nouveau compagnon. Il est resté toute la nuit devant la porte du camper, couché sur le tapis, à faire le guet. Il n’aurait certainement pas refusé de monter à bord au moment du départ.
Ah, j’oubliais, avant de se quitter, en matinée, un dromadaire est venu nous visiter. Courageuse Francette, la voilà sur son dos. Qu’à cela ne tienne, il y a de la place pour deux. Je me joins à elle. Il n’en faut pas d’avantage au conducteur pour qu’il commande à son animal de se lever. Quels éclats de rire sur ce drôle d’animal. Un petit tour et nous revoilà au sol. C’était comique et bien sympathique de le faire en si charmante compagnie.
Total des km parcourus au Maroc jusqu’à Sidi-Rbat : 1’563 km
Côte atlantique sud marocaine
Du 15 au 26 janvier 2014
De Marrakech, retour au bord de l’océan par une route beaucoup plus facile et directe qui nous mène à Essaouira (ancienne Mogador), notre préférée pour le moment.
Magnifique ville sertie d’un écrin de remparts. La pluie qui nous a assistés à certains moments n’a rien enlevé au charme de cette ville. On y a laissé deux connaissances attachantes, deux commerçants du souk, Hassan et son cousin Marouan. Ils nous ont guidés pour le choix d’un restaurant (hum, la délicieuse pastilla) mais aussi pour celui d’un opticien à qui Cyrille a commandé des lunettes. En remerciements, nous les avons invités à un repas et Cyrille a acheté une djellaba. Pas terrible le look de mon chouchou en djellaba. Plusieurs fois, on s’est promené sur les remparts admirant les vagues déchaînées qui viennent s’éclaffer sur les rochers et les murs. Cette forte houle a d’ailleurs occasionné de gros efforts aux pêcheurs qui ont dû sortir toutes leurs barques de l’eau. Installés sur le parking proche de la grand place et du port, on est idéalement situé jouissant d’une large vue sur l’immense plage de la ville. Elle est régulièrement envahie par des équipes de foot mais la pause est forcée à chaque marée quand la place de jeu disparaît sous les eaux. Tout en bout de plage, des dromadaires sont à disposition des promeneurs. Des gargotes proposent du poisson grillé sous notre nez. On n’a pas manqué d’y faire un passage lors de notre arrivée partageant notre table avec un propriétaire de riad (maison d’hôtes) Français accompagné de sa maman en visite. Profitant de tout ce qui se présente, on a acheté deux billets pour un concert de reggae qui se donnait en soirée. C’était simplement un magnifique concert. Quelle chance d’être passé par là. Le groupe s’appelait « ROOTZ MAWON ». Que de beaux souvenirs.
L’escale suivante nous conduit à Sidi Kaouki, minuscule station balnéaire avec quelques maisons, hôtels, 2 campings, ânes et chameaux. Surprise au matin dans notre camping, c’est un âne qui apporte le pain. Trop gentil tout ça. Notre camping est très rudimentaire et plutôt à l’abandon. L’autre, juste à côté, est bien mieux aménagé. Tant pis. On ne reste là qu’une nuit.
Le lendemain, on continue direction le sud. La campagne est toujours rocailleuse recouverte d’arganiers qui commencent à verdir. Traversée d’une bananeraie et arrêt en fin de journée au camping Terre d’Océan. Il est complet. Manuelle, une expat. Française, propriétaire et commerçante dynamique nous installe provisoirement pour la nuit devant la réception. Terre d’Océan est accroché à la montagne et surplombe l’océan. La vue et le camping sont superbes. On profite de donner notre linge à laver et de faire de jolies randonnées. Au cours de l’une d’elles, approchant de quelques bâtisses, on est rapidement rejoint par quelques enfants vivant dans ces maisons isolées. Ils veulent bien poser pour le photographe. La petite fille était incroyable, elle répétait tout ce qu’on disait. Pas étonnant que certaines personnes apprennent les langues (notamment le français) au contact des touristes. N’est-ce pas qu’ils sont jolis. On prolonge notre séjour au camping puisqu’une soirée repas/musique/danse est agendée et qu’un couple Neuchâtelois (Monique et Martial) veut bien nous accompagner. Très sympa la soirée et très drôle le mime présenté par deux vacanciers imitant les proprios, Manu et son Julot, sur l’air de « j’ai encore rêvé d’elle ».
On poursuit notre route en nous dirigeant sur la vallée du Paradis ou route du miel au départ d’Aourir. Par une route tortueuse avalant les collines, on pénètre dans un couloir aux parois abruptes, pour déboucher sur une vallée verdoyante parsemée de quelques villages et ornée de palmiers et lauriers-rose. Après avoir réservé notre stationnement pour la nuit prochaine chez Momo, où il y a de la place pour 4 à 5 véhicules seulement, on part à la conquête du « paradis ». Cette vallée nommée ainsi par des hippies nudistes qui se la coulait douce dans les années 1970 est un véritable éden. Le véhicule parqué, après 20 mn de marche, on accède au fond de la vallée parcouru par un petit cours d’eau ombragé et verdoyant traversant de jolies gouilles naturelles. Plus de hippies nudistes à cet endroit mais tout de même de nombreux jeunes « globe-trotteurs » prenant le soleil sur les pierres bordant les piscines naturelles. Quelques courageux/ses osent même s’élancer du haut de la falaise. Bravo. Au retour, petite halte sur une charmante terrasse au milieu de la rivière.
Le lendemain, on fait route en sens inverse. A Alma, on s’arrête chez Josiane et Guy puisque la veille ils avaient désigné leur maison lors de notre rencontre sur le bord de la route. C’est un couple belge qui s’est installé définitivement au Maroc depuis 3 ans. Accueil très agréable. Ils nous font visiter la maison qui comprend leur logement au rez, dispose d’un 2ème appartement tout équipé à l’étage et d’une grande terrasse en haut. L’appartement est « A LOUER » pour une période minimum de 3 mois à un prix défiant toute concurrence € 320.—par mois (prévoir une voiture). Une bonne opportunité pour tester un hiver au Maroc. Alma est sur la route du miel à 20 mn d’Agadir. Nous tenons leurs coordonnées à disposition des intéressés. Pour info, l’été, le thermomètre avoisine les 50°.
MARRAKECH
13 au 15 janvier 2014
Safi-Marrakech, le parcours est de 150 km. Peu de circulation, quelques camions, quelques grands taxis et quelques charrettes tirées par des ânes ou des chevaux. Peu de villages aussi, on n’en traverse que 3 mais à chaque fois on est surpris d’y trouver autant de monde. Il est parfois difficile de s’y frayer un passage. Aux abords des villages, les attelages sont parqués, le sac de son pendu autour du cou. Si les animaux ne semblent pas trop bien lotis (ils n’ont que la peau sur les os et marchent à la baguette), les Marocains ne semblent pas plus gâtés. Ils n’ont rien de superflu et leur besoin sont minimes. Malgré tout, ils sont accueillants et très serviables. Les hommes portent souvent la djellaba et les femmes sont pour la plupart voilées. Dans la rue, les deux genres s’ignorent.
Les campagnes sont désertiques et on observe volontiers des troupeaux de moutons ou de chèvres avec un ou une bergère, rôle tenu parfois par des enfants. On se demande bien ce que ces animaux peuvent trouver à brouter, les herbettes sont rares.
L’approche de Marrakech, c’est quelque chose. L’arrivée dans cette citée nous fait traverser la décharge publique. Des montagnes de déchets, là, juste à côté de nous. La première colline jouxtant la route est quelque peu dissimulée par un fin manteau de terre mais la puanteur dégagée ne laisse planer aucun doute. C’est assez désarmant. En revanche, les cigognes y trouvent leur compte. Elles sont présentes en masse, un vrai troupeau, à faire le tri de tous ces détritus.
Notre virée à Marrakech de 2 jours nous laisse tout de même un excellent souvenir. D’abord, on est particulièrement content de pouvoir stationner au cœur de la ville, sur un parking à deux pas du magnifique minaret de la Koutoubia datant du XIIe siècle et de la place Jemaa-el-Fna, secteur le plus vivant de toute la ville. Le gardien du parking nous annonce que le prix a changé, c’est MAD 100 pour la nuit (dans le guide 2013, ils annoncent MAD 50). Pas de problème, cela nous convient. Ensuite, c’était divin de profiter de toute cette animation et de la découvrir.
La place Jemaa-el-Fna, tout tourne autour d’elle. C’est un immense théâtre en plein air attirant nombre de badauds. On y trouve des marchands ambulants en tout genre, diseuses de bonne aventure, montreurs de serpents, petits groupes de musiciens ou de théâtreux, des porteurs d’eau berbères, des montreurs de singes, des femmes proposant des tatouages au henné. Dans la journée, c’est finalement assez tranquille, les calèches attendent leurs passagers, les vendeurs de jus d’orange et de fruits secs hèlent les touristes tout comme le porteur d’eau berbère qui coure après celui qui tente de le prendre en photo à son insu. Mais dès la fin d’après-midi, la fête commence. Les acteurs se mettent en place sur cette scène gigantesque. Les étals prennent position. La foule devient un véritable magma humain et l’on est surpris de cette animation riche, chaleureuse et amicale. Le soir, des dizaines de cambuses dressent cuisine ambulante, tables étroites et bancs pour un dîner sur le pouce. On comprend mieux pourquoi l’UNESCO a classé cette place « chef d’oeuvre du patrimoine oral de l’humanité ». Car ce n’est pas son architecture, somme toute banale, mais l’ambiance qui y règne qui confère à la place toute sa dimension.
Ensuite, les souks de Marrakech, des ruelles couvertes envahies de commerçants, artisans où tout grouille. En cette matinée, les touristes sont rares mais on doit tout de même se faufiler entre les vélos, les mobylettes, les ânes. Les marchands nous invitent les uns après les autres à entrer dans leur espace. Chacun a quelque chose à nous montrer, à nous expliquer, à nous faire découvrir. Ici, ce sont de nouvelles senteurs, là les bienfaits de telle huile, savon, baume ou encore le vaste choix d’herbes et épices. Mais aussi pourquoi nous priver, venez et nous voilà la tête enturbannée tels les nomades berbères. Au final, c’est un vrai cirque et il fait aussi bon s’en échapper et se réfugier sur une terrasse en hauteur pour déguster thé et pâtisserie.
Le deuxième jour, on s’est un peu plus intéressé aux édifices, visitant la médersa Ben-Youssef (ancienne école coranique) pouvant accueillir jusqu’à 300 élèves logés dans une centaine de petites cellules entourant la grande cour au rez et au 1er. Le style arabo-andalous donne à l’ensemble une harmonie parfaite reposant dans la justesse des proportions. On a admiré cour, colonnes, arcs de stuc ciselé donnant de merveilleux jeux de lumière. L’immeuble voisin, aménagé en musée de Marrakech, est également très joli, un véritable palais toujours avec une grande cour, agrémentée de 3 petites fontaines, rythmée par des niches, des alcôves et des arches.
Dans l’après-midi, on s’est laissé emmener jusqu’au quartier des tanneurs. Il faut dire qu’ils savent y faire ces Marrakchis. On voulait bien se faire désigner l’endroit mais finalement on y a été accompagnés puis pris en charge pour une visite au pas de charge des divers bassins débouchant sur une entrée automatique dans le magasin vendant cuirs et tapis. On en est ressorti finalement assez rapidement grâce à l’arrivée de nouveaux touristes. Mais quelle surprise, nos guides étaient devant la porte à nous attendre pour encaisser leurs émoluments : € 20 par personne ! Il faut pas charrier tout de même. La visite a duré 5 mn et c’était bien suffisant car la puanteur des lieux était vraiment infecte. D’ailleurs à l’entrée, on nous a remis un « masque à gaz berbère » et devinez ! C’était un bouquet de menthe fraîche…
Au final de nos aventures, on s’est requinqué en soirée en se restaurant à nouveau dans une des guinguettes de la place Jemaa-el-Fna profitant une dernière fois de cette ambiance si particulière.
Nous avons bénéficié d’un temps ensoleillé mais frais tout de même. Quant à la circulation dans Marrakech, grâce aux indications fournies par le GPS, notre chauffeur nous a amené et sorti du centre du premier coup. Un vrai rêve des milles et une nuit. D’ailleurs, on y a très bien dormi.
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